Bio
Adine Sagalyn, franco-américaine, est arrivée à Paris en 1981; elle travaille comme portraitiste depuis 1989, spécialisée dans la réalisation de portraits d'écrivains.
Après un court passage à l’Agence Olympe, Adine Sagalyn rejoint Stills Press Agency (1991-1995). En 1995, elle est l'un des membres-fondateurs de l’Agence Opale avec laquelle elle collabore jusqu'en 2007. Elle rejoint akg-images en 2016.
À partir de 2007, elle s’ouvre à de nouveaux champs de travail, se consacrant à des reportages, à la réalisation de portraits de dirigeants d’entreprises et de portraits de famille, à la photographie d’architecture et d’architecture d’intérieur ainsi qu’à une recherche de plasticienne.
Elle a notamment créé une fresque photographique monumentale de 500m2 pour le Centre de Recherche de Daniel Carasso du Groupe Danone, bâtiment conçu par Architecture Studio.
Pour Renault, elle a réalisé une exposition itinérante portant sur le thème de la sécurité, suite à laquelle elle fut l’artiste invitée à l’exposition de la Collection d‘Art de Renault aux côté de Tinguely, Arman, Erro, Doisneau et César.
Elle a réalisé 5 films constitués de photographies animées, qui ont été projetés à la station Franklin D. Roosevelt en 2013-2014.
Dernièrement Adine Sagalyn se consacre également à la réalisation de portraits d’artistes en atelier.
Ses archives comprennent plus de 700 portraits d’écrivains français internationaux. Parmi ces portraits, elle compte plusieurs prix Nobel dont: Doris Lessing, Nadine Gordimer, J.M. Coetzee, Axel Kahn, Tomas Tranströmer; des prix Pulitzer: William Styron, William J. Kennedy, Michael Cunningham, Donna Tartt; un prix Goncourt: Didier van Cauwelaert; des prix Fémina: Nancy Huston, Régis Jauffret, Marc Lambron, Paula Jacques, Pierrette Fleutiaux; des prix Fémina étranger: J.M. Coetzee, Amos Oz, David Malouf, Rose Tremain; des prix du Meilleur Livre Étranger: Antonio Lobo Antunes, Peter Carey; des prix des Deux Magots : Michel del Castillo, Gilles Lapouge, Marc Lambron, Olivier Frébourg, Christophe Bataille, Eric Neuhoff, François Bizot, Gérard Oberlé, Jean-Claude Pirotte, ou encore, des auteurs de bestsellers: Mary Higgins Clark, Patricia Cornwell, Thomas Harris, Donna Tartt, Bernard Werber, Amélie Nothomb, Eric Emmanuel Schmitt.
En France, ses photographies ont été publiées, dans Le Monde, Libération, Le Figaro Magazine, Le Nouvel Observateur, l'Express, Le Point, Vogue, Elle, Cosmopolitan, L’Evènement du Jeudi, Télérama, Le Parisien, Les Inrockuptibles, Courrier International, VSD, Gala, Paris Match…
Et à l’étranger, dans The New York Times, The Herald Tribune, Vogue, Vanity Fair, The Boston Globe, (U.S.), The Guardian (U.K.) , The Australian Gourmet Traveller (Australie) , El Tempo, Woman, Circulo de Lectores, La Naçion (Espagne), Le Temps, Journal de Genève (Suisse), Tagès-Anzeiger, Die Zeit, Bladkompanie, Focus, Stern, Das Magazin, GQ Cars (RFA), Tea Time (Japan)…
Interview avec Dimitri Granovsky à propos de son travail de portraitiste et plasticienne:
http://www.dailymotion.com/video/x9hgby_adine-sagalyn-sur-obiwi-fr_creat
Démarche : Portrait
Moins j'en sais et plus je vois
La relation entre un photographe-portraitiste et son sujet est une relation amoureuse. Il s'agit d'une rencontre. Nous disposons d'un temps limité pour faire connaissance. Qui est l'homme ou la femme que j'ai en face de moi ? Moins j'en sais sur la personne, et plus je la vois.
Le travail du photographe
Pourquoi est-il si difficile de se laisser prendre en photo ? La présence du photographe confronte inévitablement le sujet au regard qu'il porte sur lui-même. C'est le travail du photographe de faire en sorte que le sujet s'affranchisse de cette représentation, qu'il oublie fatigue, préoccupations du moment, inquiétude, défauts physiques imaginaires. C'est le travail du photographe de faire en sorte que le sujet lâche prise, s'extraie de la représentation, de l'image qu'il juge convenable ou gratifiante de donner. C'est le travail du photographe de faire en sorte que le sujet s'oublie pour être.
À l'écoute du silence
Lorsque je suis en situation photographique, je suis tout entière à l'écoute. Je cherche la beauté de l'être. Son silence. Je suis à l'écoute de ce qu'il dit et de ce qu'il tait. J’écoute ce qui se trouve dans l’interstice des mots. Il s’agit d'acceptation inconditionnelle. Il s’agit de saisir l’essentiel.
Portraits : paysages mouvants
En contrepoint de la rencontre, de ce que l'on pourrait appeler "l'apprivoisement mutuel," les considérations techniques s’imposent. C’est ici que réside la chose la plus délicate: l'équilibre toujours nouveau à trouver, entre l'intuition et la technique.
Je suis en mouvement face à un visage en mouvement. Je me donne entièrement à lui tout en réfléchissant à l’angle de prise de vue, au cadrage, à la profondeur de champ et à la lumière.
Chaque visage est un paysage à découvrir, à parcourir, une présence à savourer.
Le visage et le temps
Plus encore, tout visage se transforme d’instant en instant. Souvent, il m'arrive de voir l'enfant dans le visage de mon sujet, comme d'y entrevoir des traces des années à venir…
Souvent un ‘savoir’ que je ne peux m’expliquer me traverse et je vois d'autres visages y surgir.
Une séance de portrait est une rencontre privilégiée. C'est une histoire d'écoute et de reconnaissance. C’est une histoire d’amour.
Démarche: Compositions
Prises de vue
Mon travail puise dans le monde de l'architecture, le paysage urbain,
et les matériaux manufacturés.
Les objets de mes prises de vue sont à la fois les éléments et les sources de mes compositions.
Lors de la prise de vue, je suis dans la découverte totale et ne sais pas encore la forme que prendra la composition. C’est en tournant autour de l’objet, en m’approchant, en m’éloignant, en changeant de perspective, en jouant avec la lumière, le cadrage et la profondeur de champs que j’en creuse et explore les facettes. C’est ainsi que je vois en-deçà et au-delà de la forme et de la fonction de l’objet.
Plus encore, il n’y a rien de superflu dans un objet, toute partie étant nécessaire à son fonctionnement. C’est en cela que, pour moi, réside la beauté.
Une fois les photos prises, je ne les manipule jamais numériquement : je ne recadre pas, ne retouche pas, ne modifie pas la lumière… Chacune des mes prises de vue et chacune de mes compositions sont pourtant des actes de transformation.
Compositions
Mes compositions photographiques sont constituées d’une pluralité d’images résultant du travail de prise de vues.
Chaque photo prend vie autrement lorsque je la juxtapose avec d'autres pour créer une composition photographique. Les répétitions et les variations d'images, les effets engendrés par leur agencement, le jeu des formes courbes ou géométriques, les rapports entre objets identifiables ou non, ainsi que le jeu des zones de couleur et de lumière, tout cela concourt à créer des résonances visuelles et a susciter une lecture multiple. Géométrie, rythme et résonances, voilà ce qui me guide lorsque je compose.
Paradoxe de ma démarche : plus l'objet est dissocié des contours qui le définissent comme tel, et mieux transparaissent sa texture et sa substance.
Adéquation de l’oeuvre au lieu
En fonction du projet, je prends aussi en compte le cadre ou l'espace dans lequel le travail sera exposé.
"Paris sur Quais" en est un exemple. Cette réalisation comprenant 5 compositions photographiques en mouvement inspirées par le paysage urbain et créées à partir de photographies animées, a été diffusée sur 10 écrans à la Station Franklin D. Roosevelt. Un élément important dans la conception du projet était de prendre en compte la façon dont les compositions animées allaient se refleter sur les parois en verre des quais, habitant entièrement l'espace : les reflets agrandis ricochant sur les parois, enveloppant les passagers et se glissant sur les métros arrivant dans la station ou semblant suspendus au-dessus des rails comme des hologrammes. Les compositions en mouvement faisaient ainsi partie intégrante de l’espace.
Un autre exemple : lors de la création de la fresque "Kaleïdoscope" pour le Centre de R & D du Groupe Danone (bâtiment d'Architecture Studio), il était primordial pour moi d'établir un dialogue entre l'architecture et l'oeuvre. J'ai donc travaillé la vision d'ensemble : les liens de forme et de mouvement produisent un rythme fluide et dynamique qui invite à parcourir l'espace de la fresque (50 m x 10 m) selon différents sens de lecture : horizontal, vertical et diagonal. La fresque se dévoile au fur et à mesure qu'on se déplace. Ce faisant, elle s'intègre de façon harmonieuse à l'architecture.